J'APLATIS MON IMAGINATION
C’est ce que Mario Gilbert alias Rio le Chateâu dit de son travail. Entrer dans l’univers de Rio c’est assurément pénétrer dans un monde peuplé de légende caraïbes, d’aliénation séculaire (positive ou négative) dont est issu le photographe. Amoureux de l’irrévérence comme de la folie talentueuse et tortueuse d’un Dali. Rio questionne la société dans laquelle il est issu avec causticité, humour et justesse. Dans sa seconde «exposition An Pa- lèt Fanm» (Campus Caraïbéen des Arts» janvier 2013), il détourne les canons de beauté féminin et les plonge dans un migan de contes et légendes telluriques et cosmiques.
Son exposition ‘‘kolyzion’’ en 2015, qui fut une rétrospective de son travail au fil des années sur l’identité caribéenne et des contradictions de la société antillaise a eu un vif succès en Martinique et il l’a produite à la Guadeloupe, pour l’inauguration du Mémorial ACTe en présence du président de la république Française, François Hollande.
Rio c’est un regard avant gardiste sur la mode. Amateur des propositions esthétiques de David Lachapelle, pour qui il avoue une grande admiration, Rio propose depuis plusieurs années maintenant une alternative intéressante aux codes modernes de la Mode. Il collabore avec des magazines Antillo-Guyanais, PILIBO, CREOLA, des agences de communication, PUBLIDOM, PUBLICIS KARIBEA, des médias, FRANCE TELEVISION MARTINIQUE, et des marques comme HAIR STAR. C’est aussi en tant que Directeur Artistique qu’il s’occupe du Hors série Mode mood Mode by Créola. Aujourd’hui, sujet d’anathèmes et de professions de foi, Mario Gilbert ne laisse pas indifférent.
En 2025, le Projet NOU qui prendra la forme d’une exposition itinérante et d’un livre, a pour ambition de rappeler aux Martiniquais qui ils sont. A travers leurs différences, leurs spécificités, leurs points communs, Projet NOU veut révéler notre unité. Il s’agit d’expliquer et de déconstruire le processus de formation de race et de classe en Martinique. D’expliciter la formation et la signification de la nomenclature de couleurs dans notre pays : des mots hérités de l’esclavage.
Son travail suscite querelle des anciens et des modernes, remplissant par la même un des contrats que Baudelaire assigne à l’art: ‘‘L’artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu’il voit et ce qu’il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature.’’