LA VITRINE DES OUTREMER

Panorama de la Pointe des Châteaux en Guadeloupe

Esclavages et abolitions

Esclavage et Économie de Plantation

L'industrie coloniale a besoin d'une main d'oeuvre importante. Dans les premiers temps, le travail de défrichement, de semis et d'entretien est opéré par des prisonniers Caraïbes, appuyée par une main d'oeuvre blanche composée des premiers arrivants. L'arrivée des premiers esclaves d'Afrique renforce la capacité de production.
Durant les 20 années qui vont suivre, la colonie s'organise et développe l'industrie sucrière. Elle s'agrandit également en se déployant sur les Saintes et Marie Galante en 1648. Le territoire des colons s'étend également après de nouvelles attaques contre les Kalinagos en 1654. 

Pour revenir à la mise en place de l'esclavage, tout commence dès 1641. Les 60 premiers captifs débarquent à la Pentecôte.  Une acclimatation compliquée, des conditions de vie et de labeurs difficiles, et des mauvais traitements ont pour conséquence une espérance de vie faible chez les premiers esclaves. La natalité, déjà très faible, est dégradée volontairement par les femmes africaines qui préfèrent avorter que de laisser leurs enfants grandir dans cet environnement. Les colons vont alors se lancer dans des commandes en plus grands nombres. Face à cette demande, le trafic ratisse large, et les hommes et les femmes qui arrivent proviennent d'une multitude d'ethnies différentes comme les Ouolofs, les Congos, les Peuls et bien d'autres. 

Le commerce triangulaire est intensément établi. À partir de 1685, le Code Noir s'applique, régit et officialise la condition d'esclave de millions d'être humains aux Antilles, en Amérique et dans les Mascareignes. 

Le XVIIè siècle qui suit se résume par une industrie sucrière en plein essor et l'arrivée de nouvelles cultures comme celles du cacao et du café. Les conditions déjà très dures pour les esclaves déclenchent plusieurs révoltes et insurrections (en 1726, 1737 et 1751). Elles sont toutes très durement réprimées. Le passage de plusieurs ouragans violents et dévastateurs n'aide pas à améliorer la condition des esclaves et des habitants de l'archipel. La famine et la maladie (choléra et lèpre) ont donc parfois été le quotidien de la population. 

En parallèle la guerre avec les anglais perdure et la Guadeloupe passe un temps sous administration britannique de 1759 à 1763. 
Porte du non Retour au Sénégal
Porte du Voyage sans retour à Gorée (Sénégal)

Les Abolitions de l'Esclavage

Contrairement à la Martinique et à Tobago, la Guadeloupe partage avec la Guyane une douloureuse et triste particularité : celle d'avoir connu deux abolitions de l'Esclavage. 

Après la Révolution Française de 1789, la Convention Nationale vote la 1ère Abolition le 4 février 1794. Les colons, ne pouvant concevoir cette perte de privilèges, avaient soutenu les Royalistes dans l'espoir d'obtenir leur autonomie à l'instar de certaines colonies anglaises. Ils vont alors organiser et provoquer, la capitulation de l'île face aux anglais. Les français reviennent à la charge et reprennent la possession partielle de la Guadeloupe en juin 1794. L'abolition est proclamée officiellement sur le territoire. L'expédition est menée par Victor Hugues et ses hommes qui ont été mandatés pour cela. Ils sont renforcés par les hommes libres de couleurs engagés dans la libération du territoire. 

La bataille avec les anglais continue. Les français vont reconquérir les îles de la Désirade en juillet, puis de Marie-Galante en octobre. Le conflit se termine le 11 décembre avec le départ définitif des troupes britanniques. 

A l'issue de la reconquête, la trahison des colons royalistes est punie par un tribunal révolutionnaire qui les condamne à la décapitation. Les quelques rescapés se rufugient en Martinique où ils renforcent ceux qui vont former la future caste des Békés.

L'instabilité qui règne en France, et la poursuite des conflits avec les anglais dans la Caraïbe, provoquent également une instabilité en Guadeloupe. En 1796, Le Directoire remplace la Convention Nationale. La situation administrative évolue dans le bon sens et en 1797, l'île devient un département français dont Pointe à Pitre est le chef lieu. Cependant à partir de 1798, plusieurs nominations vont progressivement remplacer certains dirigeants, jugés trop favorables aux gens de couleur. D'anciens colons émigrés en France hexagonale semblent être à l'origine de ces changements qui créent des inquiétudes au sein de la population. 

Avec l'arrivée du Consulat, les craintes se confirment avec des réductions de libertés de plus en plus importantes pour les populations noires et métisses. Cette crise de confiance mènera à la révolte et à l'épopée héroïque mais tragique des officiers métisses et mulâtres (Delgrès, Ignace, Gédéon, etc.) en 1801. 

Le coup de massue arrive le 16 juillet 1802. Alors que plusieurs révoltes sont en cours dans la Caraïbe, dont celle d'Haiti, Napoléon Bonaparte fait publier par le Général Richepance un décret qui abroge la loi du 4 février 1794. L'Esclavage est rétabli dans les colonies.

Dans l'optique d'étouffer les dernières poches de résistance, la stratégie coloniale de Napoléon consiste à organiser la déportation des résistants guadeloupéens vers la Corse.

Durant les décennies qui vont suivre la France passe successivement du Consulat, à la Restauration en passant par l'Empire de Napoléon. Après des années de lutte pour la liberté, en Guadeloupe et en Métropole, une nouvelle révolution renverse la monarchie de Juillet en 1848. Le nouveau gouvernement provisoire proclame que "nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves".

La 2ème abolition de l'Esclavage est proclamée et signée le 27 avril 1848. La loi est promulguée en Guadeloupe le 27 mai 1848.

Le Saviez vous ?

Avec le décret d’abolition la France décide de tourner une page sombre de son histoire avec l’arrêt de la traite négrière et humaine. Cependant, le contenu controversé de l’article 5 du décret résonne encore aujourd’hui en raison de ses conséquences économiques et sociales.

Art 5. : L'Assemblée nationale réglera la quotité de l'indemnité qui devra être accordée aux colons.

Cette indemnité d’un montant total de 126 millions de francs, ainsi que ses modalités sont votées et adoptés avec les lois des 19 janvier, 23 et 30 avril 1849.

Tout part de la réticence des colons et possesseurs d’esclaves et de plantations qui menacent de quitter les colonies si l’abolition est confirmée. Ce chantage met en péril l'économique des colonies mais menace également la présence et la souveraineté de la France sur ces territoires.

Les colons de la Guadeloupe, Martinique, Guyane, Sénégal, de la Réunion et de Madagascar (Nosy Bé et Sainte Marie) ont profité de cette indemnisation en plus du fait de conserver les terres coloniales.

La période post-abolition

Avec l'arrêt de la traite des noirs africains, les colons et les plantations sont confrontées à un manque de main d'oeuvre. Ils font appel à toutes les formes de volontariats possibles, en Europe, dans les îles anglaises et même aux Etats-Unis auprès des anciens esclaves devenus libres eux aussi. Une immigration relativement importante d'hommes de l'ethnie Kongo est même organisée en provenance d'Afrique. Cela sera vite vu et dénoncé, notamment par les anglais, comme une traite déguisée. 

Dès 1861, une convention est signée avec les anglais qui acte l'immigration indienne. Le 24 décembre 1854, les 314 premiers indiens (ou coulis) arrivent à la Darse à Pointe à Pitre à bord du bateau l'Aurélie. Les engagés indiens en provenance de Pondichery et Calcutta ont des contrats officiels d'une durée de 5 ans. Le contrat moral est cependant biaisé. On leur a vendu un eldorado en leur cachant les difficultés et la dureté du travail et de la vie qu'ils vont mener. Comme les esclaves africains, leur voyage sera sans retour. 
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