Contrairement à la
Martinique et à Tobago, la Guadeloupe partage avec la Guyane une douloureuse et triste particularité : celle d'avoir connu deux abolitions de l'Esclavage.
Après la Révolution Française de 1789, la Convention Nationale vote la 1ère Abolition le 4 février 1794. Les colons, ne pouvant concevoir cette perte de privilèges, avaient soutenu les Royalistes dans l'espoir d'obtenir leur autonomie à l'instar de certaines colonies anglaises. Ils vont alors organiser et provoquer, la capitulation de l'île face aux anglais. Les français reviennent à la charge et reprennent la possession partielle de la Guadeloupe en juin 1794. L'abolition est proclamée officiellement sur le territoire. L'expédition est menée par Victor Hugues et ses hommes qui ont été mandatés pour cela. Ils sont renforcés par les hommes libres de couleurs engagés dans la libération du territoire.
La bataille avec les anglais continue. Les français vont reconquérir les îles de la Désirade en juillet, puis de Marie-Galante en octobre. Le conflit se termine le 11 décembre avec le départ définitif des troupes britanniques.
A l'issue de la reconquête, la trahison des colons royalistes est punie par un tribunal révolutionnaire qui les condamne à la décapitation. Les quelques rescapés se rufugient en Martinique où ils renforcent ceux qui vont former la future caste des Békés.
L'instabilité qui règne en France, et la poursuite des conflits avec les anglais dans la Caraïbe, provoquent également une instabilité en Guadeloupe. En 1796, Le Directoire remplace la Convention Nationale. La situation administrative évolue dans le bon sens et en 1797, l'île devient un département français dont Pointe à Pitre est le chef lieu. Cependant à partir de 1798, plusieurs nominations vont progressivement remplacer certains dirigeants, jugés trop favorables aux gens de couleur. D'anciens colons émigrés en France hexagonale semblent être à l'origine de ces changements qui créent des inquiétudes au sein de la population.
Avec l'arrivée du Consulat, les craintes se confirment avec des réductions de libertés de plus en plus importantes pour les populations noires et métisses. Cette crise de confiance mènera à la révolte et à l'épopée héroïque mais tragique des officiers métisses et mulâtres (Delgrès, Ignace, Gédéon, etc.) en 1801.
Le coup de massue arrive le 16 juillet 1802. Alors que plusieurs révoltes sont en cours dans la Caraïbe, dont celle d'Haiti, Napoléon Bonaparte fait publier par le Général Richepance un décret qui abroge la loi du 4 février 1794. L'Esclavage est rétabli dans les colonies.
Dans l'optique d'étouffer les dernières poches de résistance, la stratégie coloniale de Napoléon consiste à organiser la déportation des résistants guadeloupéens vers la Corse.
Durant les décennies qui vont suivre la France passe successivement du Consulat, à la Restauration en passant par l'Empire de Napoléon. Après des années de lutte pour la liberté, en Guadeloupe et en Métropole, une nouvelle révolution renverse la monarchie de Juillet en 1848. Le nouveau gouvernement provisoire proclame que
"nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves".
La 2ème abolition de l'Esclavage est proclamée et signée le 27 avril 1848. La loi est promulguée en Guadeloupe le 27 mai 1848.