Le massacre de la St Valentin
Le "Massacre de la Saint-Valentin" est un événement tragique qui s'est produit le 14 février 1952 au Moule. Cet incident, marqué par une répression violente contre des travailleurs agricoles en grève, est l'une des pages sombres de l'histoire de l'île.
Dans les années 1950, la Guadeloupe, comme de nombreuses anciennes colonies françaises, connaissent des tensions sociales et économiques importantes. Les travailleurs agricoles, notamment ceux des plantations de canne à sucre, vivent toujours dans des conditions précaires, avec des salaires très bas et des conditions de travail difficiles.
En février 1952, une grève générale est lancée par les ouvriers du Moule et d'autres petit planteurs de la Guadeloupe. Ces grévistes revendiquaient de meilleures conditions de travail, une revalorisation salariale, une hausse du prix du tonnage de canne à sucre et la reconnaissance des droits syndicaux. Ils reçoivent par la même occasion le soutien des fonctionnaires qui ne sont guère mieux lotis.
Le 14 février 1952, jour de la Saint-Valentin, les tensions atteignent leur paroxysme. Les travailleurs en grève sont rassemblés pour manifester. Les forces de l'ordre, composées de la gendarmerie et des forces coloniales françaises, sont déployées pour réprimer le mouvement. Les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les manifestants. Quatre guadeloupéens sont tués, et d'autres gravement blessées. Certaines victimes sont totalement étrangères à la manifestation.
Aujourd'hui, ce massacre est un épisode bien connu de l'histoire de la Guadeloupe. Souvent rappelé dans le cadre de la mémoire collective de l'île, cet événement majeur fait partie des éléments fondateurs de la prise de conscience sociale et politique de la population guadeloupéenne. Il a assurément apporté sa contribution dans la construction de l'identité contemporaine de l'île.
Les émeutes de mai 1967
Le contexte
Dans les années 1960, rien a changé et de profondes inégalités sociales et économiques persistent en Guadeloupe. Les disparités entre les békés et les guadeloupéens descendants d'esclaves sont criantes. La situation économique difficile, le chômage élevé, et les conditions de vie précaires alimentent un sentiment de frustration et d'injustice chez la population.
L'administration française, représentée par le préfet de l'époque, applique une politique de répression rigide contre toute forme de contestation sociale ou politique, y compris les velléités indépendantistes.
Alors que d'anciennes colonies de la Caraïbe obtiennent leur indépendance (ex: Jamaïque en 1962), il n'est pas envisageable pour le gouvernement français de perdre du terrain sur la zone Caraïbe. Le Préfet Boulotte, anciennement posté en Algérie, n'avait pu empêcher ce qui avait abouti à l'indépendance du Pays. Un autre échec du même calibre était donc totalement inenvisageable pour lui dans le cadre de ses fonctions en Guadeloupe. Ce racisme institutionnel et la ségrégation sociale exacerbent donc les tensions.
La rupture
Depuis mars 1967, l'île connait une une sucession de grèves et d'émeutes sur fond de racisme. Le 26 mai 1967, un mouvement des ouvriers du bâtiment est en cours à Pointe-à-Pitre. Ces travailleurs revendiquent une augmentation de salaire de 2,5% pour compenser le coût élevé de la vie sur l'île. En milieu de journée, les négociations sont rompues et une rumeur se répand comme une trainée de poudre. Le représentant du Patronat aurait déclaré : "Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail".
Les manifestants en colère défilent dans Pointe à Pitre, notamment à la Place de la Victoire. Les forces de police qui avaient reçu la consigne de maintenir l'ordre avec fermeté, réagissent avec une violence disproportionnée et tirent sur la foule.
Le bilan des émeutes
Le premier bilan officiel fait état de 7 morts et une trentaine de blessés. Cependant, des sources non officielles et des témoignages locaux évoquent un nombre bien plus élevé de victimes. Les chiffres varient entre 30 à 100 morts. Cette différence dans les chiffres reflète le flou et la confusion autour de la répression, mais aussi celle d'une volonté de minimiser l'ampleur de la tragédie par les autorités. Beaucoup de victimes n'ont jamais été identifiées, et beaucoup de familles ont enterré leurs défunts dans la plus grande discrétion.
En 1985, Georges Lemoine, alors ministres des Outremer, annonce le chiffre de 87 morts. Ces chiffres évoluent encore aujourd'hui et font l'objet d'une demande de vérité et transparence historique.
Grève générale de 2009
Toujours et encore la vie chère ! Sur fond de crise sociale, une grève générale contre la "pwofitasyon" est initiée en Guadeloupe par le groupe LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) ou Collectif contre l'exploitation. Le LKP est l'association d'une cinquantaine d'organisations syndicales, associatives et culturelles.
Représenté par Élie Domota, le collectif va porter au devant de la scène les revendications populaires auprès des instances gouvernementales. De ce mouvement nait le slogan "la gwadeloup sé tan nou, sé pa ta yo; yo péké fè sa yo vlé adan péyi an-nou" ("la Guadeloupe nous appartient et ne leur appartient pas. Il ne feront pas ce qu'ils veulent chez nous").
La tension extrême qui règne durant les 44 jours de grève générale va donner lieu à des affrontements parfois très dures, voir mortels. Un accord Bino est finalement signé et met fin au mouvement le 5 mars 2009. L'accord porte le nom du militant Jacques Bino tué durant les affrontements.